CONFLIT SYRIEN, ET AMALGAME ENTRE«POLITIQUE ET RELIGIONS».

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CONFLIT SYRIEN, ET AMALGAME ENTRE « POLITIQUE ET RELIGIONS ».J’ai été, de par mon travail, invité à débattre sur le conflit syrien, dans des groupes engagés politiquement du Maghreb. J’ai été extrêmement surpris par la pauvreté des débats, certains à la limite du pathétique. Je m’attendais pourtant, vu la qualité des débatteurs, à avoir de vrais raisonnements, politiques, géopolitiques, ou même économico-financiers, mais non, rien de tout cela, les commentaires restant plats, vides, incapables de faire la part des choses, amalgamant un peu tout, les conflits de ces 40 dernières années, avec le terrorisme, les révolutions maghrébines, les engagements de l’ONU, l’Israël, les occidentaux, Poutine et autres dirigeants, sans parler de l’OTAN, les commentaires se perdant, sortant du débat, ne faisant aucunement la part des choses.

Le summum a été le commentaire d’un Monsieur d’Origine Algérienne, travaillant dans une institution Grenobloise, m’écrivant : « Et puis y en a marre de servir de souffre-douleurs pour les Occidentaux. » J’ai bien sûr demandé en quoi est-ce qu’il se sentait être un souffre-douleur ? Question restée sans réponse.

Ce sont deux de mes très bons amis, un Algérien et un Tunisien, qui m’ont donné la réponse.

Cette explication n’a rien de géopolitique, rien d’économico-financier, étant exclusivement culturelle. Le soutien en général des populations des pays du Maghreb à la Russie, pour la Syrie, contre l’occident ne serait donc lié qu’à cela, « un historique culturel, celui de l’Islam, une reconnaissance avant toute autre forme de logique, exclusivement religieuse et musulmane. »

Les mécréants occidentaux sur les terres d’Islam.

Cette logique occulte hélas toute autre forme de raisonnement, comme par exemple punir l’utilisation d’armes chimiques, quel que soit le lieu dans le monde. Elle occulte par exemple toutes formes d’interventions de l’ONU, pourtant essentielles dans ce genre de conflits, par ses contributions pour les aides aux immigrés, aux populations en détresse, contre les famines, l’ONU intervenant auprès de chacun, quelle que soit sa culture, son pays, sa religion. Elle occulte aussi les milliers de gens morts à cause de l’utilisation d’armes chimiques, des musulmans pour la plupart, occultant les sièges de plusieurs villes par le régime d’El Assad, privant les populations de nourriture, les laissant littéralement crever de faim.

Alors certes, j’ai une vision très Occidentale, très politique, très géopolitique de la situation, en plus j’avoue, je suis athée et profondément humaniste, « un enfant qui meurt étant pour moi un drame, quel que soit cet enfant, quelles que soient ses origines ». J’ai donc effectivement du mal à comprendre que dans ce genre de débat viennent se greffer une dose de religion, d’autant plus lorsqu’elle est partisane au point d’en retirer toutes formes de logiques humaines, d’une manière générale, celle de la vie.

Ce qui m’a le plus déçu, outre la pauvreté des débats, c’est celle de la pauvreté culturelle des participants, non pas intellectuellement, mais sur la réalité géopolitique du monde. Ces gens sont totalement perdus dans le fracas général de la situation au Moyen-Orient, le complotisme, le religieux, le culturel, l’envie simple de voir leurs réalités trouver une raison d’être, même si ces raisons sont biaisées, allant au-delà de toutes formes d’arguments logiques, je dirais même au-delà de toutes formes d’humanité.

Toujours dans le cadre de mon travail, participant à de nombreux débats, j’ai hélas retrouvé le même genre de visions partisanes de la part de personnes issues d’autres cultures, l’idée générale étant la même, c’est à dire un manque total de connaissance géopolitique, les amalgames, les théories des plus farfelues empêchant toute forme de débats logiques. Des gens, des ami(e)s, pourtant humanistes dans leur philosophie, choisissant par préférence politique, de soutenir des dictateurs et des assassins, même si cela va à l’encontre de leurs convictions les plus profondes, la démocratie, la laïcité, l’idée de république, de soutien de la vie, de la paix, passant après.

La Syrie, c’est en gros 500 000 morts, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ce sont environ 35 attaques chimiques au sarin et au chlore. Ce sont des sièges de villes, comme au moyen-âge, le régime laissant littéralement les populations crever, sans eau, sans nourriture, sans hôpitaux, sans médecins, les ONG y étant interdites, leurs représentants étant visés comme les autres.

Et je ne parle pas des millions de gens déplacés et disparus.

Alors si au-delà de toutes cultures, on œuvrait à l’Humanisme, qu’en pensez-vous ?

Gilles Ragnaud

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