Extrêmement déçu !
Voilà à quel titre j’ai droit, en première de couverture, avec ma photo et le nom de ma commune. J’ai envie de vomir devant une telle ignominie, moi dont le métier est public, moi qui ai des enfants au lycée et collège, moi qui suis de plus engagé en tant que parent d’élèves faisant les conseils, JE NE SUIS QUE LE GARS QUI PASSE SA VIE AUX TOILETTES !
Je voulais juste témoigner des souffrances dont nous sommes tous ici victimes, souffrance due à la maladie, mais aussi à celle de la vie de tous les jours, aux handicap particulier qui est le nôtre. A travers ce titre, c’est chacun d’entre nous qui peut se sentir blessé, car oui pour eux, nous ne sommes que DES GENS QUI PASSENT LEUR VIE AUX TOILETTES !
Le « Réveil » et son titre scabreux. SUITE.
Ce matin appel du rédacteur du Réveil. Je le laisse parler, attentif à tous ses mots.
Il m’explique avoir réuni dans la matinée toute sa rédaction, présentant bien nécessairement de très plates excuses, exprimant des regrets. Il parle bien évidement de nous tous, malades, ayant je pense réellement pris conscience de la CLAQUE QUE NOUS AVONS TOUS PRIS avec un tel titre.
Je reste aphone au téléphone, il me demande si je suis toujours là. Je réponds que oui.
Il m’explique que ma manière d’être « détaché », en tant que malade, a trompé la « journaliste ». Il m’explique qu’elle a fondu en larme dans son bureau… il cherche ses mots les voulant chaleureux, conscient je suppose de l’ÂNERIE.
Il me demande si j’ai lu l’article. Je prends mon temps pour répondre le plus posément possible.
Je lui dis que non, et que je ne veux surtout plus avoir aucun rapprochement, pour l’instant avec tout cela, l’idée m’est nauséeuse. Je lui fais part de mes douleurs profondes, celles de mon corps bien sûr qui a de suite réagi, mais aussi et surtout celles dans ma tête, bien pires, étant là, à ce moment, déjà moitié mort. Je lui raconte les larmes et les angoisses de mon épouse et de mes enfants, ses derniers étant directement concernés dans leur établissement scolaire, devant eux aussi ce lundi matin faire face aux « critiques imbéciles » de certains ados, leurs angoisses étant aussi celles de voir le père que je suis, un homme normalement solide, incassable, tombé dans un anéantissement total.
Je lui fais prendre conscience de l’image qu’avec ma famille nous dégageons maintenant auprès de nos voisins, collègues, amis, connaissances. Enfin je lui explique le sérieux de mon travail, l’aura que j’ai mis vingt ans à construire, mots à mots, pour finir réduit à cette image, chacun d’entre nous s’y sentant directement sali.
Puis je reprends et témoigne de l’importance que nous malades avons d’être détachés dans nos rapports à la maladie et ses conséquences, que cette façon d’être est une protection que nous devons « NÉCESSAIREMENT » avoir pour faire face à ces douleurs, celles qui au-delà d’une maladie très grave, peu ragoutante aux yeux du monde, est en plus socialement difficile à vivre, dans le quotidien.
Travail, famille, amis, déplacements, hospitalisation, médicaments, incompréhensions des autres, et il faut le dire, moqueries et gènes de ceux qui n’ont pas nos problèmes.
Je finis par lui expliquer l’importance d’avoir les mots pour dire les choses, cette intelligence particulière qui fait la différence entre les grands et les petits journalistes. Puis je le remercie pour ses excuses, lui laissant comprendre que ça ne suffira de toute façon pas, que l’on n’insulte pas impunément 400 000 personnes, d’autant moins par moquerie de leur handicap.
GR
N’hésitez pas à réagir contre ce journal, à dire à leur direction et journalistes ce que vous pensez de leur titre. http://www.lereveildeneufchatel.fr/contact/
Je viens de lire l’article : cet essai d’écriture est d’un amateurisme sans pareil.