Nos « identités » sont en péril.

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Ragnaud,Gilles, présidentielles, 2017, MDE, Évolution,

« Personne ne fait des enfants dans l’espoir que leurs identités ne soient QUE des données informatiques. »

Annoncer son identité dans nos sociétés occidentales « modernes »ne se conditionne pas à simplement donner nos noms et prénoms, devant aussi automatiquement en passer par l’annonce de ce que nous réalisons ou avons réalisé dans nos vies, nos accomplissements permettant d’être approuvé, étiqueté par le monde, les gens qui nous entourent, familles, amis, collègues, ces derniers nous considérant de par ce qui démontre à leurs yeux la réussite, ou au contraire, l’échec, c’est-à-dire notre fonction. La fonction marque l’utilité que nous avons, notre classe sociale, donnant des premiers signes « concrets » ceux de nos instructions, de nos intellects et de nos savoir-faire, en bref de l’image que nous reflétons de nous-même face aux autres. Nous sommes ainsi tous étiquetés untel étant ingénieur, architecte, maire d’une commune, président d’une association ou encore enseignant, employé, ouvrier ou artisan, certains étant affublés de sans-emploi, au RSA, marginaux ou encore SDF. Ainsi, quelle que soit notre condition cette fonction plus que tout le reste marque notre identité, donnant dans ce premier signe des gages de stabilité, de réussite, ou au contraire de déséquilibre et de défaite face à la vie.

 

L’importance de cette fonction est dans nos civilisations occidentales devenue cruciale, nos rapports humains étant pour la plupart basés là dessus.
En France par exemple ce ne sont pas nos noms et prénoms qui font que nous existons, mais exclusivement ce que nous sommes, ne nous considérant « malgré nous » que par nos fonctions, sachant qu’untel fait ci, que tel autre fait ça, et que nous même nous ne sommes que de part cela. Il suffit pour s’en convaincre de regarder certains jeux télévisés, oú là encore pour se présenter le candidat donne ses noms et prénoms ainsi que l’image qu’il représente pour la société… la phrase générale étant « je m’appelle untel et je suis telle image » !
Ainsi en occident je peux m’appeler Duchnoque ou Tartempion, cela n’a aucune importance, nos appellations n’étant que des codes parmi tant d’autres, notre condition, à elle seule en disant bien plus sur nous, n’étant pas un code mais une « qualité », une reconnaissance que nous sommes dans l’obligation d’avoir, et si nous n’en avons pas ce n’est pas un soucis, les autres se chargeront de nous en attribuer une.

Cette image de l’identité, nous réduit hélas à devoir prouver d’une capacité, comme si à elle seule, elle justifiait de notre image, de la réalité profonde de ce que nous sommes, comme si à elle seule elle était le « repère ultime », oubliant nos autres valeurs, nos génies, nos passions, ou encore, nos maux et nos difficultés. Ainsi certains ont beau être grandis par leurs fonctions, ils n’en sont pas moins diminués par l’action générale, celle de la magnificence que nos sociétés donnent d’importance à une image, ce jugement de surface ne prenant pas en compte la personne dans son entièreté, sa manière d’être et son savoir vivre passant bien après.

L’exception malheureuse.

Il existe tout de même une exception, qui hélas n’est pas heureuse, les administratifs pour qui nos noms et prénoms ne sont plus que des « codes » faits de lettres utiles à nous retrouver dans des fichiers, ces derniers en cas d’homonymes s’aidant grâce à nos dates de naissance, d’autres codes, numériques ceux là, sachant nous différencier. Vous pouvez faire l’essai, appeler n’importe quelle administration publique ou privée, si vous n’avez pas de n° déjà attribué ou que vous l’avez perdu, vos noms, prénoms et dates de naissance seront les premiers éléments qui vous seront demandés, soit pour vous enregistrer, soit pour vous retrouver dans les fichiers.

Un travail de conscience.

Chacun d’entre nous vaut bien plus que cela, personne ne faisant des enfants dans l’espoir que leurs identités ne soient QUE des données informatiques, nous ne devrions même pas permettre cet état de fait, ce que pourtant nous faisons acceptant de naître et n’être que par des codes dans des fichiers. De même nous ne devrions pas accepter que plus tard nos enfants ne soient jugés que par leur fonction, permettant à chacun un jugement de surface forcément approximatif, ne prenant pas en compte la profondeur des personnes qu’ils seront. Si nous n’y veillons pas, ces acceptations finiront par nous mener loin, beaucoup trop loin, nos générations futures finissant par n’être plus que des « codes et relevés génétiques », de nouvelles formes d’identités permettant de les classer, de les juger et de les suivre partout et à tout moment, réduisant définitivement leurs libertés quelles que soient leurs actions, leurs choix et envies de devenir.

C’est ici une conscience que nous devons avoir, aidant nos sociétés à prendre un autre chemin oú la valeur principale n’est ni une donnée informatique, ni un jugement de surface, mais une multitude de noms et de prénoms ayant un sens humain, étant déjà avant leurs naissances toute une histoire, une particularité faite de cultures et de devenir en devenir. C’est donc à nous, dès aujourd’hui d’offrir à nos générations futures une vision différente de ce qu’ils sont, une image de l’être, de l’âme, de la personne, permettant à Tartempion de retrouver une identité réelle, et à Duchnoque d’être reconnu de par sa culture d’appartenance, chacun pouvant enfin retrouver et offrir des repères différents aux autres, une image oú l’individu n’est pas une fonction, mais un être doué d’une personnalité qui lui est propre.

Gilles Ragnaud

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